Un peu d'Histoire
L'hôtel de Ville de La Rochelle est le plus vieil hôtel de ville français toujours en fonction depuis 1298. Reconstruit vers 1490 avec une architecture pseudo-fortifiée, il se veut à cette époque la matérialisation de la puissance et de la richesse d’une ville en pleine expansion.
La maison des rochelais
Au XVIe siècle, La Rochelle, capitale de la France protestante, rayonne sur le plan politique et commercial, et s’engage dans de grands travaux qui confèrent un nouveau visage à la ville. L’Hôtel de Ville, dont les premiers éléments architecturaux datent de la fin du XIIIe siècle, est reconstruit vers 1490. Conçu pour s’apparenter à un hôtel particulier, à deux bâtiments perpendiculaires derrière des murailles, il est entouré d’une muraille à créneaux, de mâchicoulis et d’une tour d’angle, affichant une architecture pseudo-fortifiée à l’abondant décor sculpté. Celui-ci, qui envahit aussi ces éléments « défensifs », prouve que cette clôture a d’abord été voulue comme symbole du pouvoir au cœur d’une cité en pleine expansion.
Le pavillon nord et son élévation antiquisante à trois niveaux voient le jour en 1595, puis un escalier extérieur à loggia et une « grande salle de l’Échevinage » viennent compléter le bâtiment dont la façade arbore de hautes fenêtres scandées par des colonnes corinthiennes et des niches abritant les sculptures de trois des vertus cardinales : Tempérance, Force et Justice. Cette façade à lucarnes savantes, dont proportions et luxuriance décorative reflètent la puissance rochelaise de ces années, est influencée par des modèles contemporains de premier plan, telles les gravures de Philibert de l’Orme pour les colonnes baguées de la galerie basse.
En 1607, après l’édification d’une seconde tourelle d’angle, on dresse à l’arrière du bâtiment principal la « Chambre des Échevins », située dans la rue des Gentilshommes. En partie haute, son extraordinaire balcon aux consoles démesurées n’a aucune justification fonctionnelle dans cette rue exiguë. Il est la transposition architecturale inédite du « château arrière » des navires huguenots, qui faisaient alors la fortune de la ville, et une évocation du poste de commandement du capitaine qui devient, à l’étage, le bureau du maire.
Le plus vieil hôtel de ville encore en fonction
Les ultimes travaux datent du dernier tiers du XIXe siècle et sont placés sous la responsabilité de l’architecte Juste Lisch qui résout le problème de « l’encombrement » de la cour par des marches. Il dégage également sur la façade l’emplacement d’une nouvelle fenêtre et de sa statue : la Prudence. Les travaux confèrent à l’hôtel de ville son allure actuelle.
En façade, la tour d’angle médiévale est transformée en haut beffroi néo-gothique doté d’une pendule et d’une cloche, supprimées sur le logis intérieur. À droite, une bâtisse XVIIe siècle, ancien logement du gouverneur après la dissolution de la commune à l’issue du Grand siège, se change en maison néo-Renaissance avec niches et statues, à l’image de la façade intérieure sur cour.
Depuis la fin du XIXe siècle, l’étage de l’Hôtel de Ville honore l’un des plus célèbres maires de La Rochelle, Jean Guiton, qui a défendu la ville pendant le Siège de 1627-1628 contre les troupes royales. Sa statue, en partie offerte par la ville américaine de New Rochelle, fondée en 1688 par des huguenots rochelais, se dresse depuis 1911 sur la place face au portail principal.
En quelques dates :
- 1486 – Construction du mur d’enceinte gothique flamboyant avec créneaux, mâchicoulis et tour d’angle, symboles de la puissance de l’indépendance du Corps de ville
- 1605-1607 – Construction de la galerie et de la grande salle de l’Échevinage et du bâtiment des Gentilshommes
- 1861- 1883 – Présentation du projet de restauration et restructuration de l’architecte Juste Lisch réalisé de 1872 à 1877
- 1883 – Bal pour l’inauguration de l’édifice
- 2013 – Incendie de l’Hôtel de Ville
- 2017 – Début des travaux de reconstruction
- 2019 – Réouverture de l'Hôtel de Ville
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