
Lou-Anna Reix
Catégorie(s) : Ils ont séjourné ici
France
Du 19 janvier au 23 février 2025 et du 31 mars au 20 avril 2025
Discipline
Cinéma
Biographie
En parallèle de ses études liées au monde du cinéma, Lou-Anna Reix apprend à fabriquer des films en autodidacte. Très vite entourée d’une équipe complète, elle écrit et réalise en 8 ans une dizaine de courtmétrages autoproduits, dont certains gagnent des prix et sont sélectionnés en festival. Dès la fin de son master, elle donne également des ateliers et cours de cinéma pour le public scolaire. Elle est aujourd’hui réalisatrice, mais aussi scénariste.
Notre rencontre avec Lou-Anna
En deux temps, trois mouvements
Avec Lou-Anna Reix, nous nous sommes vus une petite heure. Drôle d’expression, ça : « une petite heure ». Une heure, c’est une heure. Soixante minutes. Sauf manifestement les petites heures, qui doivent approximativement durer soixante petites minutes. Durant lesquelles, évidemment, rien n’interdit de faire de grandes choses. À l’issue d’une petite heure d’entretien avec Lou-Anna Reix, c’est d’ailleurs amusant de constater comme l’on ressort avec en tête ce genre de considérations sur la durée très relative du temps : le temps long et le temps court, l’urgence et la patience, la vitesse et l’attente, les courts métrages et les longs métrages, les séries de 40 minutes en huit épisodes.
Lou-Anna Reix, ce genre de considérations, ça ne la trouble pas du tout. Elle semble faire son affaire de ces durées qui s’entremêlent avec une apparente sérénité. Par exemple, elle raconte qu’un soir, en sortant de la projection de Mustang, de Deniz Gamze Ergüven, elle a décidé qu’elle avait, elle aussi, une somme d’histoires à raconter et qu’elle voulait devenir scénariste et réalisatrice. Dont acte, la jeune étudiante en lettres et cinéma se saisit d’une caméra et tourne douze courts-métrages en six ans, auto-produits, montrés en festival, primés pour certains, repérés pour la plupart. (On avait bien prévenu de possibles accélérations dans la chronologie.)
Les premières productions de Lou-Anna creusent la veine d’un cinéma féministe, militant, frontal. Scénario, réalisation, direction d’acteurs, montage, production… ces courts métrages sont surtout l’occasion pour elle de se former au fil de l’eau, « la fac m’apprenait l’analyse filmique et me donnait une certaine culture cinématographique, mais elle ne disait rien de la façon de réaliser des films. J’ai donc appris en faisant, en me confrontant directement à chacune des étapes de fabrication. » Elle balaie assez vite la question de la légitimité que conféreraient certaines études de cinéma, « j’y suis parfois confrontée, certains savent te faire sentir que tu ne sors pas de la bonne école, mais je refuse que cette histoire de légitimité m’empêche de faire ce que j’ai envie de faire. »
Alors, comme pour prouver le mouvement, Lou-Anna n’arrête pas de tourner. D’une réalisation à l’autre, au fil des résidences de création qu’elle ne craint pas de solliciter, elle se laisse progressivement imprégner par les territoires où elle pose sa caméra : l’Aubrac, les Landes, le Gers. Ses personnages traversent des paysages, la ruralité devient une matière première, ses récits s’étoffent. « Ça a marqué un second cycle dans mon approche et dans mes thèmes. » Elle enchaîne les projets, mène en parallèle des ateliers et ajuste ses priorités au gré des opportunités, « le cinéma est un métier où tu peux attendre trois ans les financements pour un court métrage de vingt minutes, qui sera sélectionné dans quelques festivals si tu as de la chance. On ne peut pas se contenter d’attendre. Si un projet cale, il faut pouvoir en pousser un autre. »
Aujourd’hui – nouveau cycle – Lou Anna souhaite amorcer un virage, avec l’envie d’un cinéma plus grand public, sans rien céder sur ses exigences. À la Maison des Écritures, en partenariat avec le Festival de la Fiction, elle écrit la trame d’une première série pour la télé, dans un univers « solar punk », soit une science-fiction qui ne joue pas la carte de l’apocalypse – un défi narratif en soi. « J’aime travailler avec une contrainte. Le récit d’un futur désirable en est un, on se heurte au problème du conflit dramatique : comment raconter un avenir enviable tout en gardant une certaine tension ? » Le pitch ? une jeune influenceuse est propulsée dans un futur pas très lointain pour se voir confier la mission d’influencer le passé – notre présent. On fait mine de ne pas s’étonner de ces petits vertiges temporels. Tout juste demande-t-on quel sera le coup d’après : « j’adorerais revisiter les codes du film de danse, en faire quelque chose de grand. » Car évidemment, rien n’interdit de faire de grandes choses. Il s’agira pour Lou-Anna d’attendre le bon moment, la bonne heure. Soixante petites minutes.
Philippe Guerry
Projet de résidence
Deux projets occuperont sa résidence. D’abord, l’écriture de la série Cubik, portant sur le sujet des nouveaux imaginaires : comment réinventer de façon positive notre rapport au futur au vu d’une actualité inquiétante et de la menace de l’anthropocène grâce à la fiction cinéma et audiovisuelle ? Lou-Anna Reix, accompagnée de Nathalie Dufayet, interviendra également auprès de plusieurs classes, dans le cadre du dispositif national Écris ta série !
Les dates à retenir
VENDREDI 11 AVRIL 18H30
SCIENCE-FICTION ET NOUVEAUX RÉCITS : IMAGINER DES FUTURS DÉSIRABLES
Lou-Anna Reix, scénariste et réalisatrice, a développé un projet de série de science-fiction solar punk, CUBIK, lors de sa présence à la Maison des Écritures. En partant de son travail, et en convoquant d’autres œuvres, elle propose de mener une réflexion sur la production actuelle de récits futuristes dit « positifs », et leur place sur le marché de l’audiovisuel.
Partenariat
Résidence en partenariat avec le Festival de la Fiction, dans le cadre du défi Écris ta série !
Photo ©MDE