Kalina Nikolova
Catégorie(s) : Ils ont séjourné ici
Bulgarie
Du 31 octobre au 23 décembre 2024
Discipline
Cinéma Documentaire
Biographie
La passion de Kalina Nikolova pour raconter des histoires l’a naturellement dirigée vers le cinéma documentaire, qu’elle considère comme un espace d’expérimentation lui offrant une grande liberté d’expression. Elle a réalisé des court-métrages et observations documentaires.Elle explore les interactions dans ses films en jouant avec les possibilités créatives offertes par le montage, tout en cherchant à repousser les frontières du genre.
Notre rencontre avec Kalina
Portrait de l’artiste en question
Tous les artistes viennent-ils nécessairement en résidence avec leurs questions ? Que font-ils s’ils ne trouvent pas de réponses ? Que faire des questions nouvelles qui émergent durant le séjour ? Les accueillent-ils comme légitimes, ou les rejettent-ils comme superflues ? Sont-ils autorisés à repartir avec ? Font-ils le tri ? S’en encombrent-ils ? Jugent-ils plus sage de les laisser bien en évidence sur les grandes tables de mélaminé blanc de la Maison des Écritures ?
Kalina s’était-elle préparée à nos questions pour notre rencontre ? Sur les deux petites feuilles couvertes de fines écritures qu’elle avait posées devant elle au début de l’entretien, y avait-il des éléments de réponses aux questions que nous ne lui avions pas encore posées ?
« Vous vous appelez-bien Kalina Nikolova, née à Sofia, en Bulgarie, il y a 25 ans ? Où avez-vous appris le français ? Durant les trois années de votre licence de cinéma à Strasbourg ? Quel est le motif de votre séjour ? L’écriture d’une première série documentaire ? Sur quel sujet ? Une lignée de musiciens ? Une fratrie ? Une lignée ou une fratrie ? Les deux ? Comment s’appelle-t-ils ces musiciens ? Wladigeroff ? Wladigeroff comme Pantcho Wladigerroff, l’illustre Pantcho Wladigeroff, le plus important compositeur bulgare et européen du 20e siècle ? Précisément ? Et qui d’autres ? Les petits-enfants de Pantcho Wladigeroff ? Des jumeaux ? Quels noms vous dites ? Konstantin et Alexander, les « Wladigeroff Brothers » ? » Des compositeurs de jazz ?Et leur sœur ? Ekaterina ? Pianiste professionnelle également ? Toute cette famille est musicienne ? Ce sont les subtilités de cet héritage que vous voulez montrer ? »
Le jeu, dès lors, n’est-il pas d’essayer de poser sur la table des questions nouvelles ?
« Cinématographiquement parlant, comment filme-t-on la transmission, le passage, l’appropriation ? Comment filme-t-on le poids d’un nom sur les épaules ? Faut-il cadrer serré ? Combien ça pèse, un nom, en numérique ? Le poids est-il le même pour chaque membre de la fratrie ? Ça s’estime en quelle unité, la pression familiale ? En unité familiale ? S’appeler Wladigeroff en Bulgarie, ça prédestine nécessairement à devenir musicien ? C’est une chance ou une fatalité ? Une ouverture ou un enfermement ? Et s’appeler Nikolova ? »
Parce que, tout bien considéré, n’est-on pas fondé à se demander si Kalina, en organisant durant sa résidence sa série de quatre films sur les Wladigeroff, cette famille musicienne, ne cherche pas en réalité à faire état de ses propres questionnements de jeune artiste ?
« Pourquoi les jeunes artistes bulgares cherchent-ils pour la plupart à partir et à faire carrière à l’étranger ? Quel compromis les artistes doivent-ils faire pour vivre en tant que citoyen du monde ?D’ailleurs être artiste, est-ce nécessairement s’affirmer ‘citoyen du monde’ ? S’affirmer ‘citoyen du monde’, n'est-ce pas plutôt une façon de dire que l’on n’a pas vraiment de foyer, ni de lieu où se sentir chez soi ? Être artiste, est-ce nécessairement faire le sacrifice de son pays, de sa famille, de ses racines ? Mais que signifie ‘avoir des racines’ dans un monde ouvert où l’on voyage et se déplace beaucoup ? Le monde nous attend-il ? Qu’est-on prêt à faire ‘pour les grandes et les petites choses’ ? Est-ce que je n’en ferais pas, déjà, le titre de mon film ? »
N’était-il pas temps de nous quitter ? Kalina avait-elle tout dit ? Avions-nous tout noté ? Et finalement, sur les deux petites feuilles posées sur les grandes tables de mélaminé blanc de la Maison des Écritures, Kalina avait-elle préparé ses réponses, ou n’était-ce pas plutôt ses questions ?
Philippe Guerry
Projet de résidence
Actuellement, elle travaille sur son projet documentaire musical Pour les grandes et les petites choses, consacré à la célèbre famille musicale Wladigeroff.
Dates à retenir
Vendredi 8 novembre, 15h30: ATELIER D’ÉCRITURE DOCUMENTAIRE.
Explorez le processus d’écriture dans le cinéma documentaire, en mettant l’accent sur l’importance de la réflexion narrative dans la réalisation de films documentaires, le rôle du scénario, les différences entre l’écriture documentaire et de fiction... L’atelier sera axé sur la pratique et encouragera la participation active à travers des exercices d’écriture basés sur des micro-sujets concret
Mardi 10 décembre, 18h30: RENCONTRE ENTRE DOCUMENTARISTES AVEC KALINA NIKOLOVA ET MANON BARBEAU
Bulgarie, Québec, Kalina Nikolova, Manon Barbeau : partez à la rencontre de deux regards croisés sur le film et l’écriture documentaire, sujet de travail de ces deux artistes reçues en résidence à la Maison des Écritures cet hiver
Partenariats
Kalina Nikolova est lauréate de la Bourse Tzvetan Todorov. sa résidence est co-portée par l’Institut Français de Bulgarie et l’ambassade de France en Bulgarie.
Photo ©Julien Chauvet